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Abolition de l’esclavage: le maire FN de Villers-Cotterêts refuse d’organiser les commémorations

Le Huffington Post, le 10/05/2014

POLITIQUE – Villers-Cotterêts n’aura pas le droit à des commémorations officielles. Alors que la commune de l’Aisne organise depuis 2007 des cérémonies chaque 10 mai, jour de commémoration de l’abolition de l’esclavage, le nouveau maire, Franck Biffaut, a prévenu qu’il ne ferait rien cette année, dénonçant “une auto-culpabilisation permanente”.

“Je perçois (cette commémoration) comme étant un peu à la mode, dans le cadre d’une auto-culpabilisation permanente, d’une culpabilisation systématique, alors que l’esclavage existe encore ailleurs dans le monde, malheureusement”, avait-il déclaré pour justifier sa position.

Le 10 mai est la date choisie par la France pour rappeler l’abolition de l’esclavage car elle correspond à l’adoption de la loi dite Taubira de 2001 qui a reconnu la traite et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Selon un décret de 2006, chaque année une cérémonie doit être organisée le 10 mai à Paris, dans chaque département (avec le choix du lieu par le préfet) “ainsi que dans les lieux de mémoire de la traite et de l’esclavage”.

Mais le Front national et sa dirigeante Marine Le Pen dénoncent régulièrement la “repentance” et l”autoculpabilisation” des autorités françaises. Le parti a lancé une pétition en 2012 contre la “repentance permanente” de François Hollande et ses prédécesseurs sur la seconde guerre mondiale, l’esclavage et la guerre d’Algérie. “Nous rappelons que ce n’est pas en se vautrant dans le masochisme antinational et la haine de notre histoire que nous donnerons un avenir à notre pays et à nos jeunes”, écrivait le parti d’extrême-droite.

Les associations mobilisées

Toutefois, un collectif d’associations a tout de même commémoré l’abolition de l’esclavage. Il s’agit de la première action du collectif “Liberté, égalité, fraternité”, initiative rassemblant des associations de défense des droits (LDH, Licra, Mrap) et d’éducation populaire, et des syndicats (CFDT, CGT), et dont le but est de combattre “l’offensive antirépublicaine qui s’accompagne d’une instrumentalisation de la haine et de la banalisation des idées d’extrême droite”.

La commémoration a eu lieu à 11h au 41, rue du Général Mangin, où les associations locales membres du collectif se joindront à celle des Amis du général Dumas, à l’origine des commémorations depuis 2006.

“Il ne s’agit pas que d’une commémoration mais des valeurs qu’il y a derrière. Parler d’esclavage ce n’est pas culpabiliser la France mais célébrer les valeurs de la République”, a déclaré Serge Romana, président de l’association antiraciste Comité Marche 98, qui participe à l’organisation du rassemblement de samedi.

François Hollande réagit

François Hollande a estimé samedi sur Public Sénat et France Ô que le maire FN de Villers-Cotterêts (Aisne), qui a refusé de commémorer l’abolition de l’esclavage, “devrait s’honorer” de célébrer cette Journée et le Général Dumas. Alors que la commune organisait depuis 2007 des cérémonies chaque 10 mai, jour de commémoration de l’abolition de l’esclavage, le nouveau maire FN, Franck Briffaut, a annoncé qu’il ne ferait rien cette année et dénoncé “une auto-culpabilisation permanente”.

“Villers-Cotterêts peut être fière d’être une ville où le Général Dumas, qui fut esclave puis Général, a pu montrer combien la France pouvait être éclatante”, a réagi M. Hollande à l’issue d’une cérémonie de célébration de cette Journée au Jardin du Luxembourg à Paris.

Selon le chef de l’Etat, “aujourd’hui tout le monde devrait célébrer le Général Dumas, notamment son maire qui devrait s’honorer d’être dans une manifestation pour célébrer un des citoyens les plus illustres de cette ville”, le Général Dumas, père de l’écrivain Alexandre Dumas. “Mais je ne veux pas entrer dans cette polémique parce que ce serait, je pense, donner une publicité à ceux qui ne méritent pas d’en avoir”, a-t-il enchaîné. “Ce qui compte c’est qu’il y ait eu une ministre de la République, Mme George Pau-Langevin (Outre-mer), à Villers-Cotterêts”, a jugé François Hollande.

George Pau-Langevin s’est recueillie à Villers-Cotterêts

La ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, s’est recueillie samedi devant la plaque commémorative du Général Dumas à Villers-Cotterêts (Aisne), dont le maire FN refuse de commémorer l’abolition de l’esclavage.

“En ce jour de commémoration nationale de la traite, de l’esclavage et leurs abolitions, George Pau-Langevin a tenu à se rendre dans la commune de Villers-Cotterêts pour honorer la mémoire du général Dumas, premier général d’origine afro-antillaise à servir dans les rangs de l’armée républicaine”, a indiqué le ministère dans un communiqué.

“En rendant hommage à la mémoire d’un grand homme qui a risqué son sang pour la Nation, la ministre des Outre-mer souhaite honorer la mémoire de tous ceux qui, par leurs combats pour l’abolition, ont contribué à dessiner le visage de la République française et à forger son identité humaniste”, poursuit le ministère. “L’histoire de l’esclavage n’est pas seulement l’histoire des descendants d’esclaves. La République ne connaît qu’une Histoire, celle de tous ses citoyens”, conclut-il.

Cérémonie au Jardin du Luxembourg

Le Premier ministre Manuel Valls devait participer samedi à une cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage à Paris. Accompagné notamment de la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, et de la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, il devait prononcer un discours place du général-Catroux (XVIIe arrondissement de Paris).

Suivront ensuite un dépôt de gerbes et une minute de silence au pied du monument consacré au général Alexandre Dumas (1762-1806), père de l’écrivain, né esclave dans l’actuel Haïti et devenu, dans l’armée révolutionnaire, le premier général français d’origine afro-antillaise. Inauguré en 2009, ce monument métallique, qui représente deux fers d’esclaves de 5 mètres de haut dont les chaînes se sont rompues, symbolise la mémoire de l’esclavage.

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