Discours de la Présidente de l’UEJF Assas, Delphine Rakowicz à l’occasion de la Conférence de Robert Badinter à l’Université Panthéon-Assas

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs personnel de l’Université, Messieurs les intervenants (Monsieur le Ministre, Maitre et Monsieur le Professeur), Monsieur le Président de l’UEJF, chers amis, cher tous.

Je me présente, Delphine Rakowicz, Présidente de l’UEJF Panthéon – Assas, c’est avec joie que je vous vois si nombreux ce soir pour assister à notre conférence.

Aujourd’hui, 8 avril, est un jour très particulier, c’est Yom Hashoah, cela signifie que la journée est dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah.  Aujourd’hui en particulier, et plus que n’importe quel autre jour, nous nous remémorons les tragiques événements qui ont secoué l’Europe et les juifs durant la seconde guerre mondiale. En Israël, la commémoration est toute particulière, à 10h du matin, les sirènes retentissent et le pays se fige pour 2 mn de recueillement.

En France, notamment à Paris au mémorial de la Shoah, une lecture publique des noms de chaque homme, femme, enfant juif déportés de France est organisée. De jour comme de nuit, de manière ininterrompue pendant 24 heures, les noms des déportés sont lus un à un. En France, 76 000 Juifs – dont 11 400 enfants – ont été déportés vers les camps de la mort. Seuls 2 600 d’entre eux survécurent.

Le fait que notre conférence ait lieu aujourd’hui, prend donc tous son sens plus de 70 ans après les faits.

Il ne faut pas céder aux nombreuses récriminations que l’on peut entendre ici ou là, nous ne parlerons jamais assez de la Shoah ! Un devoir de mémoire et de transmission de celle-ci nous incombe.

Je dois vous dire qu’en tant qu’arrière petite fille de déporté (arrêté lors de la rafle du Vel d’Hiv en 1942, déporté et décédé à Auschwitz) et petite fille de résistant, il est pour moi, au nom de mon histoire personnelle mais pas seulement, nécessaire et vital d’en parler.

Le devoir de mémoire est une des valeurs directrices de l’UEJF, un des piliers fondateur de notre association qui a vu le jour en 1944 sous l’impulsion de résistants français.

L’UEJF en juillet dernier a commandé un sondage, auprès du CSA, aux résultats alarmants, nous apprenions avec consternation et la plus vive inquiétude que 60% des jeunes de 18 à 24 ans n’ont jamais entendu parler de la rafle du Vel d’Hiv, un chiffre supérieur à la moyenne constatée chez l’ensemble des français qui est de 42%.

Un chiffre nous apaise : 88% de ces mêmes jeunes considèrent que la transmission de la mémoire de la Shoah est importante.

C’est pourquoi, l’UEJF a décidé de lancer, cette année, un programme national intitulé les « universités de la mémoire » il a pour objet l’organisation de conférences, d’expositions et de colloques dans différentes Universités parisiennes sur le thème de la transmissions de la Mémoire de la Shoah et du dialogue des Mémoires (initié par l’UEJF en 2004 lors de son voyage au Rwanda sur les traces du génocide Tutsi).

Ce programme sera suivi d’un voyage de la Mémoire qui se déroulera en Allemagne et en Pologne.

Aujourd’hui, en 2013, certains pensent que nous avons trop parlé de la Shoah, que ce temps est révolu et que cela est bien derrière nous. Mais, on ne le répétera jamais assez, il nous faut rester vigilant.

Il y a à peine un mois, le jeudi 7 mars, nous découvrions des croix gammées sur la porte de notre local, situé au sein de notre Université. Ce symbole rappelant les pires heures de notre histoire.

Parce que nous ne voulons plus jamais que cela se reproduise, il nous faut comprendre comment cela a-t-il pu se produire ? Comprendre comment tous les rouages de l’Etat et l’ensemble des structures sociales ont pu être mise au service d’une machine infernale ?

Comment la France, pays des droits de l’Homme, a-t-elle pu mettre en place une législation de ségrégation raciale à l’égard des juifs ?

Notre conférence permettra à travers le prisme de l’étude de la loi portant statut des juifs de comprendre l’implication des professionnels du droit dans l’élaboration, l’application et le commentaire de cette législation. Comment un doyen d’université a-t-il pu commenter une telle loi ?

Afin de nous éclairer sur ces différentes questions, j’ai le plaisir de vous présentez nos différents intervenants :

–          Monsieur Robert Badinter, ancien Garde des Sceaux, Président du Conseil constitutionnel dont le nom restera à jamais accolé à l’abolition de la peine de mort.

–          Monsieur Jean Castelain, ancien Bâtonnier de l’ordre des avocats au Barreau de Paris, dont le discours au Mémorial de la Shoah en 2011 nous a particulièrement ému et touché.

–          Monsieur Philippe Corbier de Lara, maitre de conférence à Paris II, enseignant la philosophie du droit et spécialiste du nazisme, dont les cours m’ont passionné.

–          Monsieur Jonathan Hayoun, président de l’UEJF qui nous fait l’honneur de modérer cette conférence

Avant de laisser la parole à nos intervenants, je tenais à adresser mes remerciements à Mr le Président Leyte pour la tenue de cette conférence ainsi qu’à Mme Buhnik pour son énergie, sa détermination et dont l’aide nous a été très précieuse.

Je voudrais également remercier Sacha Ghozlan, président d’honneur de l’UEJF Panthéon Assas et délégué national de l’UEJF en charge des Universités de la mémoire et bien évidemment mon bureau car un évènement de cette ampleur ne peut se monter seule.

Et merci à vous tous de vous être déplacez aussi nombreux !

 

Delphine Rakowicz

Présidente de l’UEJF Assas

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