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Jonathan Hayoun : ‘Il faut rappeler la mémoire des Juifs d’Algérie”
Le 20 décembre dernier, le président français François Hollande accomplissait un voyage de 36 heures en Algérie. L’occasion d’un discours remarqué sur “l’injustice du système colonial”. Jonathan Hayoun, président de l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF), accompagnait François Hollande lors de sa visite algérienne. Nous lui avons posé quelques questions, dans la mesure où l’UEJF bouscule, par tradition, le “cocotier” communautaire français et travaille sur l’Algérie et les Juifs depuis longtemps.
En parallèle de la visite de François Hollande en Algérie, l’UEJF s’est rendue en Algérie. Quel était l’objectif de ce voyage ?
L’UEJF a pu rejoindre la délégation du Président de la République en Algérie. Nous voulions être acteurs de ce moment essentiel pour ce que le Président de la République appelle la “Paix des Mémoires”. Cette paix des mémoires ne pourra se réaliser qu’avec un désir fort de connaissance et de dialogue des jeunes Français et Algériens, et ne pourra occulter l’histoire de l’exil des Juifs d’Algérie. Présents à l’Université Aboubrak-Belkaid à Tlemcen, nous avons entendu François Hollande rappeler l’apport de la communauté juive à cette ville, et plus largement à l’Algérie.Cette déclaration historique n’est pourtant qu’un premier pas. Nous avons pu rencontrer les organisations étudiantes algériennes en vue de la préparation d’un voyage de rencontres étudiantes franco-algérienne.
Ce n’est pas la première fois que l’UEJF émettait l’envie de se rendre en Algérie…
Rappelons que l’UEJF fut la première organisation étudiante française à soutenir l’indépendance de l’Algérie en 1955, bien avant l’UNEF, en signant et en publiant l’appel de Saint-Severin. L’UEJF fut également la première organisation juive à prendre une pareille position. Depuis plusieurs années, l’UEJF a le projet d’un voyage en Algérie pour renforcer le travail difficile sur la mémoire sépharade. Nous avons également mis en place un travail sur l’histoire de notre union durant la période de la guerre d’Algérie et ressorti les archives.
Quel accueil vous a t-on justement réservé sur place ? Quel écho votre message a t-il reçu auprès du public algérien?
Un bon accueil de la part des étudiants algériens qui sont aussi dans la démarche de construire l’avenir en faisant la lumière sur le passé. Et notre venue rappelait à de nombreux Algériens les bons souvenirs qu’ils avaient avec la communauté juive d’Algérie. Enfin, notre message les a touchés, et ils ont le désir de renouer des liens avec des Juifs à travers le monde exilé d’Algérie. Mais il reste encore difficile de s’afficher en tant que Juifs en Algérie.
Un mot sur cette notion essentielle de dialogue des mémoires, un des piliersessentiels de l’action de l’UEJF. La mémoire de l’Algérie française, celle des Juifsalgériens, celle de la lutte pour l’indépendance, tout cela s’entrechoquait lors de votre récent voyage à Tlemcen…
L’Algérie et la France ont une histoire et une mémoire communes. Mémoire algérienne, mémoire française, mémoire juive sépharade, mémoire d’immigrés, de rapatriés, decombattants, de militants, mémoire d’une guerre fratricide. Mémoire de la colonisation, de la décolonisation. De la guerre d’Algérie. De l’immigration. Des relations depuis.La visite de François Hollande des 19 et 20 décembre s’inscrivait dans cette longue histoire. L’enjeu était grand, revenir sereinement sur ces années trop longtemps taboues, tant pour la France, que pour l’Algérie. “La divulgation de la vérité”, telle que l’a souhaitée le Président de la République française, s’imposait à tous pour construire l’avenir.
Aujourd’hui, les méfaits de la colonisation n’ont pas été suffisamment abordés… Les séquelles dans la société française sont encore importantes, notamment dans la communauté musulmane d’origine algérienne de la première à la troisième génération, ainsi que pour la population française dans son ensemble. Cette guerre, que ce soit celle des hommes, qui a pris fin en 62, ou celle des mémoires, qui n’en est que la continuité, est alors bel et bien terminée. François Hollande a voulu l’affirmer. Il s’agissait en effet de tirer un trait sur cette guerre qui a tant fait souffrir de part et d’autre de la Méditerranée. Un tel voyage allait alors dans le sens d’une réconciliation entre la France et l’Algérie, et contribuera dans le futur à œuvrer à la cicatrisation d’une déchirure française provoquée depuis.
Un mot du déracinement…
L’antisémitisme de la décolonisation, cause de départ des Juifs d’Algérie, n’a lui, jamais vraiment été reconnu, ni par la France, ni par l’Algérie. Car, à l’époque, ils n’avaient aucun choix, il fallait partir. Les conséquences aujourd’hui demeurent encore vives au sein de la communauté juive française vis-à-vis de l’Algérie et vis-à-vis des Algériens.Ce fut un véritable déracinement sous-estimé à l’époque par l’Etat français.La France n’a en aucun cas pris la parole sur le sort des Juifs français rapatriés. 140.000 Juifs (soit plus de 20% de la totalité des rapatriésd’Algérie) furent contraints de partir de leur terre natale. Enfin, la mémoire des Juifs d’Algérie qui a été effacée des esprits et du sol algériens. Une blessure inguérissable pour des milliers de familles juives rapatriées. Trop longtemps, la mémoire des Juifs en Algérie aura été effacée. L’histoire de l’Algérie se transmet, encore aujourd’hui, aux jeunes Algériens sans faire mention de la présence historique des Juifs sur cette terre. Cette visite permettra aux jeunes Français et Algériens de toutes origines et de toutes confessions de pouvoir ensemble travailler à une meilleure connaissance de l’histoire.
De retour en France, que pensez-vous que ce voyage puisse apporter au travail de l’UEJF?
Le temps de la société civile est venu. C’est pourquoi l’UEJF partira également avec des Français d’origine algérienne, qui nous accompagneront dans ce défi d’une mémoire retrouvée, pour une réconciliation permanente. Cet engagement fut central pour notre organisation, et la question qui se posait à l’époque était essentielle pour la France etl’Algérie des années 1962. Cette question est plus que jamais d’actualité, et le défi de s’en saisir est de taille, il marquera un nouveau pas vers le changement.Incontestablement, ce voyage est un pas politique important, nous apportant l’assurance de pouvoir enfin en tant que Juifs nous rendre en Algérie, là où, durant trop longtemps, les Juifs furent indésirables.