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Chronique de la délégation en Tunisie – Dernier jour
Nous nous rendons au palais de justice. Dans la salle d’attente du bâtonnier . Des cris se font entendre. Najet nous dit que c’est le conseil de sauvegarde de la révolution qui se réunit juste a cote. Il est contitue de ce qui sera vraisemblablement la future constituante.
Le bâtonnier nous reçoit. Il porte une voix plus juste et moins partisane que tout ce que nous avons entendu jusque la.
A notre sortie, une trentaine de personne nous suivent. Ce sont les membres du conseil de sauvegarde de la révolution qui se séparent. Nous parlons a certains et enrendons les avis différents qui rendent compte de la complexité de la situation. Il leur faudra s’entendre pour créer un terrain propice à l’avènement d’un nouveau régime.
De retour a l’hôtel, nous parlons à deux femmes qui travaillent pour l’ONU Femme Maghreb basée à rabat. S’ensuivent de longues discussions sur la condition des femmes ici, dans tous les pays de la région… Un homme nous rejoint. Il est le fondateur de l’institut équité et réconciliation au Maroc. Activiste des droits de l’homme depuis 35 ans, emprisonné au Maroc, Il vient ici donner une conférence sur la transition démocratique et les processus de jugement des criminels des régimes dictatoriaux du Maghreb d’après l’expérience marocaine.
Un personnage troublant à la Casbah
Le soir, nous rejoignons la Casbah pour une dernière soirée à Tunis. L’ambiance a quelque peu changé. Un attroupement nous interpelle. Un homme âgé, hurle en arabe et en français, entouré de jeunes tunisiens. Il commence le discours par un Allah Akbar, repris par une partie de la foule. Preuve s’il en fallait que l’on est pas a l’abri des derives de certains à l’occasion de cette revolution. En arabe, on perçoit qu’il accuse Raffarin et la Franc-maçonnerie de comploter… Etrange…. Il est un opposant politique à Ben Ali, qui avait pris le parti de dénoncer publiquement les atteintes aux libertés dans son pays. Son discours est passionné et plutôt ouvert mais ne propose pas de solution. Nous parlons à des étudiants venus de tout le pays. Ils nous disent être là pour « finir la révolution », casser ce gouvernement qui, outre son ouverture à quelques partis d’opposition, est dans la continuité du précédent. Certains veulent précipiter le processus, d’autres veulent laisser du temps au gouvernement. Certains discours sont plus radicaux que les jours precédents, faisant reference aux livres de Tarik Ramadan, arrivés sur les échoppes des vendeurs à la sauvette de l’avenue Bourguiba… Le discours se radicalise. Dans le flot des paroles et idees liberees depuis la chute de Ben Ali, les plus radicales font aussi leur chemin.
Nous partons cette derniere soiree de liesse place de la Casbah avec l’espoir que les idees eclairees et progressistes continueront a prendre le lead dans cet elan democratique, cette revolution qui nous a ému quatre jours durant et que nous continuerons à suivre et soutenir pour que ses ideaux les plus nobles puissent advenir.