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S’accommoder des pratiques religieuses pour les concours n’est pas trahir la laïcité
Le 18.04.11
Une poignée d’étudiants juifs des classes préparatoires s’apprêtent à payer le prix fort de la laïcité, dans des circonstances particulièrement violentes. Après deux ou trois années de leur vie consacrées à travailler en vue des concours pour les grandes écoles, ils ne pourront pas les passer et devront, pour certains, renoncer même à intégrer une école, s’ils veulent respecter les règles religieuses de la Pâque juive, du lundi 18 au soir jusqu’au 25 avril.
J’ai appris et pratiqué la laïcité comme un art du vivre-ensemble qui permet à des gens de différentes origines culturelles, sociales et religieuses de faire société. Un principe qui m’a permis de m’approprier et de me battre pour les valeurs républicaines. C’est un concept compliqué qui se définit par la neutralité de l’Etat devant le religieux et dans un même mouvement, garantit la liberté de culte : une place, donc, pour la pratique religieuse.
On bafoue la laïcité lorsqu’on la manipule pour stigmatiser une communauté, et c’était tout le piège du récent débat. On la dénature, lorsqu’on l’interprète uniquement comme une protection de l’espace public vis-à-vis du religieux. Et la laïcité devient alors hostilité et musellement du fait religieux.
C’est la lecture à laquelle sont de plus en plus confrontés les étudiants juifs pratiquants au sein des universités. Moment douloureux où leur identité, fondée aussi sur une pratique religieuse, entre en contradiction avec leur volonté d’étudier et leur attachement au modèle républicain.
Certains veulent nous faire croire que la recherche d’une solution spécifiquement dédiée à cette poignée d’étudiants juifs pratiquants serait une dérogation à la laïcité. Il n’est pas question ici de revendication : la République et ses institutions n’ont pas de compte à rendre aux étudiants pratiquants.
Mais on peut attendre d’elle qu’elle cherche des solutions individuelles, des arrangements, lorsqu’ils sont envisageables et qu’ils tiennent compte du principe d’équité devant l’examen. C’est aussi cela agir au nom de la laïcité.
Il n’y a rien là de nouveau, d’inquiétant ou de menaçant. Des arrangements qui permettent aux étudiants juifs pratiquants de respecter leurs traditions sans être exclus du système existent depuis que la laïcité existe. Déjà dans les villages d’avant-guerre, certains écoliers allaient à l’école le jour du shabbat sans écrire, et sans que cela pose à la nation un problème existentiel.
S’il est essentiel de se battre pour préserver la laïcité, il nous faut aujourd’hui combattre de plus en plus les crispations arc-boutées, prétendument en son nom.
La laïcité en France s’est construite sur l’héritage chrétien ; pour la majorité. Personne n’a besoin de demander sa journée de Noël, son dimanche, ou l’Ascension. L’histoire de la France et de la République le justifie parfaitement. Mais il faut bien trouver des solutions pour les minorités religieuses car la laïcité ne prend son sens dans l’espace public que lorsqu’elle permet aux individus d’exercer leur religion dans l’espace privé.
A moins d’en conclure que, pour être religieux en France, il faille être chrétien. C’est d’ailleurs pourquoi il existe une circulaire comprenant certaines fêtes des différentes religions, témoignant ainsi du fait que la laïcité a toujours tenu compte des minorités. Et dans le même temps, le Conseil d’Etat, sollicité, n’a jamais déclaré illégaux ces aménagements, ni préconisé les résolutions au cas par cas.
Pour autant, on ne pourra pas inscrire dans le calendrier l’ensemble des contraintes des religions dans leur diversité. Les minorités ne demandent pas qu’on leur arroge le statut de la majorité. Au contraire, il me semble que si des leçons peuvent être tirées de cette affaire, c’est bien de supporter que la laïcité passe aussi par des aménagements, et que c’en est même là tout l’esprit.
Cette actualité a eu un autre écho inquiétant : la mise en concurrence des communautés religieuses. Une communauté juive privilégiée face à une communauté arabo-musulmane stigmatisée. L’éternelle théorie du deux poids deux mesures.
Nous, étudiants juifs de France, avons été parmi les premiers à dénoncer la stigmatisation de la communauté arabo-musulmane qui s’insinue en France.
Nous savions que le débat sur la laïcité risquait de pointer du doigt une fois de plus les musulmans de France. Soyons clairs : ce n’est ni une affaire de laïcité ni une affaire de mesure, c’est une affaire de xénophobie ou de racisme.
La libération de la parole raciste en France n’a aucun lien de cause à effet avec la situation des étudiants juifs pratiquants. Et dans le cadre de ce débat sur la laïcité, cette mise en regard des communautés est toujours étrangement intentionnée.
La lecture qui consiste à envisager la laïcité d’un côté et les communautés de l’autre en dénature l’ensemble. Il est même pervers d’utiliser la laïcité pour opposer les communautés, alors même qu’en France le vivre-ensemble émerge en son sein.
Je reste fière de la laïcité, principe avec lequel j’ai grandi et qui me donne un regard “à la française” sur le monde. Il nous faut continuer à la penser comme un mode d’emploi de la devise républicaine, “Liberté, Egalité, Fraternité”.
Ne la travestissons pas.
Arielle Schwab, présidente de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF)
Article paru dans l’édition du 19.04.11
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