« Le danger, c’est la prise de pouvoir du RN » : les étudiants juifs de l’UEJF mobilisés pour le second tour

« Ressortir les gants et les pinces à linge (pour se boucher le nez) » : voilà le mot d’ordre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) à quelques jours du second tour des élections législatives anticipées. Alors que le Rassemblement national (RN) — qui a recueilli avec ses alliés ciottistes plus de 33 % des suffrages au premier tour — pourrait bénéficier d’une majorité à l’Assemblée nationale après le scrutin de ce dimanche 7 juillet, l’UEJF appelle à faire barrage à l’extrême droite, quitte à voter pour le Nouveau Front populaire (NFP), malgré l’alliance « honteuse » avec LFI… Mais sans aller jusqu’à soutenir un candidat Insoumis. Retrouvez sur nos pages dédiées les résultats du second tour des législatives à Paris, Lyon, Marseille. Voilà le message qu’ils sont en train de diffuser dans leur « Tour de France pour la République », sorte de course contre la montre en minibus, au gré des villes de province, entamé mardi et qui doit durer jusqu’à vendredi. Entretien avec Yossef Murciano, le nouveau président de l’association, qui vient de terminer ses études de journalisme et succédera à Samuel Lejoyeux au terme d’une période de transition de deux mois. Beaune, Pithiviers, Bourges, Châtillon-sur-Seine… Vous vous déplacez dans plusieurs villes jusqu’à vendredi. Pourquoi ? YOSSEF MURCIANO. Le danger, c’est la prise de pouvoir du Rassemblement national. Aujourd’hui, les partis veulent faire croire que ces législatives sont une élection nationale et qu’il faut choisir un Premier ministre. Or, c’est d’abord un scrutin local ! Donc, on va dans ces villes et ces villages où le RN est arrivé en tête, pour défendre la voie républicaine auprès des électeurs. Newsletter Politique Nos analyses et indiscrétions sur le pouvoir S’inscrire à la newsletterToutes les newsletters La voie républicaine, c’est-à-dire voter pour l’autre candidat ? Même s’il est du Nouveau Front populaire (NFP), alliance de gauche dont fait partie La France insoumise (LFI) ? Il y a dans le Nouveau Front populaire beaucoup de candidats qui ne sont pas des Insoumis : des socialistes, des écologistes… Évidemment, après ces élections, on continuera de marteler que leur alliance avec LFI est honteuse, il n’y a pas de débat là-dessus. L’urgence, c’est dimanche. « C’est un cas de conscience personnel pour chacun. Faut-il envoyer à l’Assemblée ces candidats LFI qui ont contribué à faire monter l’antisémitisme en France ? Selon moi, c’est impossible. » Yossef Murciano, président élu de l’UEJF Et en cas de duel RN-LFI ? C’est un cas de conscience personnel pour chacun. Faut-il envoyer à l’Assemblée ces candidats LFI qui ont contribué à faire monter l’antisémitisme en France ? Selon moi, c’est impossible : voter pour un antisémite, qu’il soit RN ou LFI, c’est non. Donc, vous faites barrage au RN… sauf exception. On fait en fonction des problématiques locales. Où étiez-vous le 30 juin, au moment des résultats du 1er tour ? Au local de l’UEJF, à Paris, avec les autres membres du bureau. Le moment est dramatique. C’est un peu notre 21 avril 2002 à nous (quand Jean-Marie Le Pen a accédé au second tour de la présidentielle) ! Comment abordez-vous le second ? Chaque juif de France est très inquiet à l’idée d’avoir, le 8 juillet, une majorité RN, un parti historiquement antisémite, hérité des Waffen-SS… On est en colère ! Et on n’oublie pas que tout ceci arrive en partie à cause d’une campagne des élections européennes, il y a quelques semaines, où l’antisémitisme de certains leaders Insoumis a nourri ce climat délétère. Faut-il se résoudre à cela ? Non, c’est pour cela que ces jours-ci, nous sommes une dizaine de membres de l’UEJF dans ces villes où l’extrême droite a fait de gros scores, à distribuer des tracts, essayer de convaincre de voter pour un autre candidat. Quel accueil recevez-vous ? Cela dépend du lieu et des personnes. On trouve souvent de l’écoute ou même de la bienveillance. Parfois des discussions s’engagent quand on nous dit : « Le RN a changé ». Cela nous arrive aussi d’être insultés. Un homme a traité l’une de nos militantes de « pétasse ». À Pithiviers, le candidat RN a hurlé en nous qualifiant… d’anarchistes. Il a été impossible de discuter avec lui. Il arrive aussi qu’on détruise nos tracts. Mais c’est ici, sur le terrain, qu’on fera bouger les choses.

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