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« Je m’en servirai comme papier brouillon. » Cette femme, prête à entrer dans l’antre de la haine, s’asseoir et rire face à celui qui se prétend encore humoriste, parle là du papier que les militants de l’UEJF et d’SOS racisme viennent de lui tendre. C’est une photographie de corps décharnés, entassés, déjà morts, dans un camp de concentration. « La Shoah, c’est ça », avons-nous écrit sur la feuille, comme pour le rappeler à celle qui s’apprête à rire du négationnisme.
Et puis, il y a « les curieux » (ce sont leur mot). Ceux qui « non, non, [ne sont] pas négationnistes ». « C’est un avis », et non du négationnisme, affirme un spectateur interpellé en train de réviser l’Histoire, alors que les photographies d’Auschwitz sont en train d’être placardées à l’entrée du théâtre de l’Ampoule, à Châtillon (92).
Et l’on se dit qu’il était finalement utile d’imprimer sur stickers les définitions de ces trois mots : racisme, antisémitisme, négationnisme. Eux-aussi sont collés à l’entrée.
Pour ceux qui refusent d’y croire, qui refusent de lire, il y a cette enceinte de concert, postée en face de l’entrée, et qui diffuse noms, prénoms, et jeunes âges des déportés tués, dans les oreilles des amusés.
Peut-être auront-ils alors à l’esprit, ces images, sinon cette bande sonore, quand Dieudonné, dans la peau d’un de ses personnages, hurlera que « les chambres à gaz n’ont pas existé ».
Pour recouvrir ce propos, et le début du « spectacle », l’enceinte passe désormais une playlist de hard métal à plein volume.
Le « One man show » a démarré depuis quelques minutes. Avant de fermer l’entrée désormais tapissée de définitions, un organisateur crie : « Plus personne ne doit entrer pour assister au spectacle ici ? » Les militants, sans concertation, le reprennent et crient à leur tour : « Plus personne de négationniste ici ? Non ! Que des antiracistes ! »