Le chef de l’État s’est engagé à « tirer toutes les leçons » du drame de Toulouse et à « briser le plus tôt possible les engrenages terroristes ».
HOMMAGE Un hélicoptère survole les alentours. C’est le signe de l’arrivée imminente du chef du gouvernement israélien. Protocole oblige, pour accueillir Benyamin Nétanyahou, François Hollande est arrivé dans l’enceinte de l’établissement trente minutes plus tôt, accueilli par le directeur de l’école, qui a perdu sa fille Myriam dans la tragédie, et Arié Bensemhoun, le président de la communauté juive de Toulouse.
Lorsque François Hollande et Benyamin Nétanyahou entrent dans la cour de l’établissement scolaire, l’heure est au recueillement. Le silence est impressionnant. Les deux hommes se sont rendus dans le centre de documentation pour rencontrer plusieurs dizaines d’élèves de l’établissement frappés par l’attaque terroriste de Mohamed Merah le 19 mars dernier.
Sophia, élève en classe de seconde à Ozar Hatorah, a pu échanger avec le chef de l’État français. « Nous lui avons posé des questions et il nous a rassurés en nous promettant que la sécurité serait assurée », explique la lycéenne. « Cet échange était nécessaire. Nous avons pu nous exprimer avec quelqu’un qui peut arranger la situation », ajoute-t-elle.
Hommage aux victimes
Puis, le président de la République française et le chef du gouvernement de l’État hébreu se sont dirigés vers le gymnase pour cet hommage aux victimes. Plusieurs personnes ont pris la parole pour témoigner. Le directeur de l’école, Jacob Monsonego, qui a perdu sa fille dans la tragédie a parlé d’un « lundi noir ». Puis, la gorge nouée, au bord des larmes, il insiste : «Myriam a été exécutée parce qu’elle était juive. » Puis Gabriel Sandler, le père de Jonathan, abattu devant l’école avec ses deux enfants, Arié et Gabriel, a pris la parole pour dire aussi que « son fils et ses petits-enfants ont été assassinés parce qu’ils étaient juifs ». Et puis, il a ajouté : « La main criminelle a tué leur voix pour l’éternité. » Eva Sandler, l’épouse de Jonathan, avec beaucoup de courage, explique ensuite qu’elle ne « souhaite pas vivre comme une victime ».
Hymnes nationaux
À la tribune, devant près de 500 personnes, dont deux ambassadeurs et le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, le président François Hollande a rendu hommage aux quatre victimes de Merah à Ozar Hatorah et aux trois soldats tués à Toulouse et Montauban. « Nous devons tirer toutes les leçons de cette tragédie et briser le plus tôt possible les engrenages terroristes », a promis le chef de l’État. Et puis, il s’est adressé à Benyamin Nétanyahou : «Monsieur le premier ministre, je veux rappeler devant vous la détermination de la République française à combattre l’antisémitisme. » Ovation de la salle.
Benyamin Nétanyahou lui répond quelques minutes plus tard : « Dans les journées sombres du nazisme, certains gouvernements européens n’ont pas levé le petit doigt pour combattre la folie du nazisme. Aujourd’hui, François Hollande parle clairement contre cette folie et agit contre elle. » Et le chef du gouvernement de l’État hébreu ajoute à l’attention de tous ceux qui « tenteraient de déstabiliser (son) pays : le peuple d’Israël vivra ». Applaudissements nourris de la salle. Les participants à cet hommage reprennent ensemble les deux hymnes nationaux. « C’était une très belle cérémonie », explique Aurélie. « La France est derrière la communauté juive. La communauté juive vivra. Les Juifs du monde entier vivront », confie Aurélie, galvanisée par ce rendez-vous « historique ».
Le Figaro, 2 novembre 2012.