Le caractère antisémite de l’agression a suscité une vague d’indignation. Un rassemblement s’est tenu dimanche matin à Créteil après le violent cambriolage dont a été victime un jeune couple juif lundi dernier dans cette ville du Val-de-Marne.
Le couple a été séquestré dans son logement du quartier du Port, la jeune femme violée, l’appartement cambriolé. Selon le parquet, les trois agresseurs «partaient de l’idée qu’être juif signifiait que l’on avait de l’argent». L’agression, qualifiée de «sauvage» par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), a suscité une grande émotion.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qui avait vivement condamné l’agression, était présent parmi les centaines de personnes réunies dimanche matin. Sur les bords du petit lac de Créteil, l’hôte de Beauvau a annoncé que la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, était désormais «une grande cause nationale». «Nous devons faire de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme une cause nationale en y associant toutes les administrations intéressées l’Éducation nationale, la Justice, le ministère de la Ville, les préfectures, les élus, les associations, les représentants des différents cultes». «Les actes antisémites ont augmenté de plus de 100% au cours des dix premiers mois de l’année», a-t-il souligné rappelant s’être opposé «aux manifestations de l’été dernier où l’on criait mort aux juifs» et s’être «rendu à Sarcelles lors des émeutes de juillet». «Plus de 930 affaires ont fait l’objet de poursuites au premier semestre», a insisté Bernard Cazeneuve.
Pour le ministre de l’Intérieur, «c’est la plus grande fermeté qui doit être à l’oeuvre face aux actes et menaces antisémites». «Quiconque se rendra coupable d’actes antisémites ou racistes sera inlassablement recherché, arrêté et puni», a-t-il promis. Et d’affirmer avoir «donné instruction aux préfets de signaler aux procureurs de la République tous les actes et toutes les paroles racistes et antisémites afin qu’aucun ne demeure impuni».
Face à un rassemblement chauffé à blanc, il a dénoncé «ce mal qui menace tous les Français, qui s’attaque au socle du pacte républicain». «L’antisémitisme n’est pas une pathologie qui frappe le corps social de façon isolée. Il prospère sur le terreau de haines plus diffuses». Et de s’inquiéter d’ «une société française, où l’antisémitisme et les discriminations s’enkystent».
Soigneusement, le ministre aura évité la confusion entre antisémitisme et antisionisme remettant systématiquement au centre de son propos les valeurs de la République.
En marge du rassemblement, Bernard Cazeneuve rappelait que «le catalyseur de ces phénomènes est incontestablement la numérisation de la société. La toile donne un sentiment d’impunité et de neutralité. 90% des extrémistes se sont radicalisés par la toile et non en étant allé voir un Imam à la mosquée», a-t-il affirmé. «Il est indispensable désormais de réguler Internet, sans remettre en cause la liberté d’expression. La population française dans son ensemble n’est ni raciste ni antisémite. Une prise de conscience et une mobilisation nationale sur ces sujets sont possibles».
Un peu auparavant, à l’abri des regards, le ministre de l’intérieur a rencontré la famille des victimes, toujours sous le choc et à qui il n’a pas hésité à donner ses coordonnées téléphoniques.
Terrée depuis une semaine dans un appartement «où il est difficile de vivre», cette dernière ne souhaitait pas assister au rassemblement qui ne s’est pas déroulé sans accroc. Esther Benbassar, la sénatrice Ecologie, personnalité présente a été vivement été prise à partie par plusieurs participants allant jusqu’à être publiquement insultée.