Mesdames, Messieurs les députés,
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Aujourd’hui, vous avez aujourd’hui débattu d’une résolution sur la « reconnaissance de l’état de Palestine », en prévision d’un vote ce mardi 2 décembre.
Mesdames, Messieurs les députés, cette résolution unilatérale n’est hélas, ni dans l’intérêt de la France, ni dans celui des Palestiniens, ni des Israéliens !
Ce vote n’est certainement pas dans notre intérêt, celui de la France, car nous abandonnerions aujourd’hui notre rôle historique de médiateur, en choisissant d’ignorer l’un des interlocuteurs…
Malgré les apparences, ce vote n’est pas non plus dans l’intérêt des Palestiniens, à qui l’on promet pour la énième fois un Etat … sans substance et sans souveraineté !
Ce vote n’est évidemment pas dans l’intérêt des Israéliens, que vous exposeriez à une sanction du Conseil de Sécurité légitimée par la résolution française.
Il faut dire que ce vote apporte en fait une mauvaise réponse … à un vrai problème, infiniment complexe. Oui, le conflit-israélo palestinien n’a que trop duré. Oui, comme le rappelait le président de la République cet été, il est urgent de créer « un état palestinien démocratique et viable, vivant aux côtés de l’Etat d’Israël en sécurité ». Oui, les Français doivent être aux avant-postes du rapprochement israélo-palestinien pour obtenir une solution durable pour la région.
Mais alors, à quoi bon ce vote précipité ? Il y aurait beaucoup de choses à dire et surtout à faire pour redonner des perspectives de paix … La France, avec son histoire diplomatique, pourrait pourtant jouer un rôle crucial de facilitatrice des échanges… Mais avec ce vote, nous actons une chose grave : que le dialogue ne sert plus à rien.
Certes, il faut être sacrément optimiste pour croire au dialogue. Les négociations sur place piétinent. Les populations se désespèrent de l’incapacité de leurs dirigeants à parvenir à un compromis. Mais c’est justement parce que l’avenir s’assombrit là-bas que vous devez tout mettre en œuvre ici pour raviver le processus de paix !
Ce texte de la résolution de reconnaissance de l’état de Palestine annonce en préambule son ambition de « mettre partout en échec les discours de haine, et de contribuer à l’instauration de la paix au Proche-Orient ». Vraiment ? Dans ce cas, nous devrions dénoncer tous les obstacles à la paix…
Le texte que vous voterez explique que la viabilité de l’Etat palestinien est minée par la poursuite de la colonisation. Mais comment peut-il faire abstraction de la poursuite du terrorisme par le Hamas, de son gouvernement de terreur qui contrôle deux millions de Palestiniens, et de son obstination à attaquer son voisin à coup de roquettes et d’attentats-suicides ? Cette omission est grave et ne fait pas honneur à la France.
Alors en fin de compte, à quoi sert ce vote ? Si ce n’est à suivre une campagne destinée à obtenir un vote du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont on sait qu’il n’aboutira à rien sur place, si ce n’est à faire monter encore les tensions ? Il y a pourtant mille autres façons de soutenir les modérés palestiniens, et de privilégier l’Autorité Palestinienne face au Hamas.
Depuis les accords d’Oslo, la France et les autres puissances internationales sont engagées à accompagner Israéliens et Palestiniens sur le chemin de la paix grâce à la négociation. Depuis des dizaines d’années, ce principe est clair : aucune avancée concrète ne se fera sans discussions entre les deux camps.
Si les négociations s’enlisent, il existe encore, sur le terrain, beaucoup d’initiatives de dialogue. La France pourrait mettre en valeur ces groupes de travail locaux, ces milliers de citoyens, d’associations de politiques engagés, qui refusent la fatalité et affirment au quotidien la volonté des peuples israéliens et palestiniens de s’accepter mutuellement.
Vingt ans après Oslo, nous pourrions imaginer que la France réunisse à nouveau toutes les parties, et use de toute son influence pour les contraindre à se donner à nouveau la main. Ce geste aurait non seulement une portée forte pour les acteurs de la région, mais permettrait aussi, ici en France, d’apaiser un climat où la répercussion du conflit attise la haine et l’antisémitisme.
Mesdames, Messieurs les députés : ce vote est malvenu, ce vote est un renoncement qui ne fait pas avancer le camp de la paix. La France est grande quand elle brille par son génie, employons-le aujourd’hui à faire vivre l’espoir et à ranimer le dialogue auquel nous croyons tous.