Comité de Réponse
Universités en ligne de l’Union des Etudiants Juifs de France
Avec le soutien du L.A. Pincus Fund.
Il est très fréquent de trouver des amalgames entre Juif et Israélien. Lorsque l’armée israélienne réalise une incursion, il n’est pas rare que certains individus entendent orchestrer des représailles sur les Juifs de France. Il y aurait donc identité entre Juifs et Israéliens.
Le fait que les Juifs puissent par ailleurs être français ne pose pas vraiment de problème aux promoteurs d’un tel amalgame. En effet, il existe, principalement dans les réseaux d’extrême-droite, la thèse d’une double allégeance nationale des Juifs de France. D’après les tenants de cette thèse, les Juifs ne seraient pas fiables en tant que Français. Leur allégeance à la France serait redoublée d’une allégeance à Israël puissance. Et leur double allégeance les prive de toute intégrité.
Ainsi, cet argument repose sur le glissement sémantique suivant : la dualité devient synonyme de trahison et de fourberie. Alors même qu’il est parfaitement concevable d’avoir deux nationalités sans « trahir » aucune des nations de rattachement, l’argument de la double allégeance met artificiellement en contradiction dualisme et sincérité, comme si toute complexité était synonyme d’hypocrisie.
Dès lors, l’argument se défait facilement : les immigrés du Cameroun, du Tchad, ou du Cambodge qui sont attachés à la communauté française aussi bien qu’à leur communauté d’origine sont-ils tous des traitres à la France? Sont-ils tous retords et perfides, menteurs et hypocrites? La double appartenance ne témoigne pas d’une volonté malveillante de tromper et décevoir. De la même façon, il n’y aucune raison de penser que la double appartenance au peuple français et au peuple juif puisse légitimement justifier la méfiance et le soupçon.
Cet argument souvent usité par l’extrême-droite prend racine dans une vision biologiste de la France, qui s’est développée lors de la deuxième moitié du XIXème siècle, dans le sillage du positivisme et de la découverte des organismes microbiens. La France était alors perçue comme un organisme malade, infecté par des corpuscules infectant sa nature de l’intérieur, à la fois intérieurs et étrangers.