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75e anniversaire du début de la Seconde guerre mondiale: des leçons à vocation contemporaine

Cela fait exactement 75 ans cette semaine que l’Allemagne nazie envahissait la Pologne, qui malgré sa tentative de résister vaillamment, fut submergée par une armée d’invasion numériquement et techniquement supérieure.

Le 3 Septembre 1939, la Grande-Bretagne et la France déclaraient la guerre à l’Allemagne.

L’histoire des années qui suivirent cette déclaration jusqu’à jour de la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945, fut retranscrite fidèlement.

Au cours des six ans de bataille sur le continent européen – pour ne pas mentionner d’autres théâtres militaires clés en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, et, bien sûr, en Asie – on estime que 50 à 60.000.000 personnes furent tuées et des dizaines de millions d’autres furent blessés, sans-abri, ou exilés.

Six millions de Juifs, dont un-et-demi-million d’enfants, furent parmi les victimes. Près de la moitié étaient issus de la Pologne, tandis que d’autres communautés juives comme celle de la Lituanie ou de la Grèce furent quasi-totalement anéanties.

Dans la quête vers ce qu’ils appelaient la Endlösung, ou Solution finale, les nazis avaient créé un tout nouvel alphabet du génocide : de la lettre «A» pour Auschwitz, le plus tristement célèbre des camps de concentration, à “Z” pour Zyklon-B, le gaz mortel gaz utilisé pour tuer un grand nombre de Juifs.

En effet, le mot même de « génocide » n’existait pas encore à l’époque. Le Premier ministre britannique, Winston Churchill a dit en 1941: « Nous sommes en présence d’un crime sans nom. » Quelques années plus tard, un Juif polonais, Raphaël Lemkin, inventa le mot «génocide » pour se référer à la campagne nazie d’anéantissement du peuple juif.

Cette occasion historique solennelle apporte des leçons dont la signification est contemporaine.

Tout d’abord, le monde démocratique, le plus grand espoir de l’humanité, ne doit jamais souffrir d’un manque d’imagination.

Adolf Hitler précisait ses objectifs dans Mein Kampf (et ailleurs) avant janvier 1933 au moment de devenir chancelier allemand. Or un ensemble de politiques, de diplomates, de journalistes et de chercheurs en Europe et aux États-Unis choisirent, pour « x » raisons, de ne pas le prendre au mot.

Au contraire, ils se sont convaincus, et à leur tour, ont cherché à persuader les autres, que les responsabilités de gouvernance contribueraient à modérer le Führer allemand ; qu’il ne pensait pas vraiment ce qu’il disait, mais avait recours à des excès rhétoriques afin de restaurer la fierté allemande après les humiliations de la Première Guerre mondiale et du Traité de Versailles ; ou qu’il pouvait servir de rempart utile contre la Russie bolchevique.

Deuxièmement, Winston Churchill était une exception héroïque. Il n’a jamais été dans le doute quant aux intentions d’Hitler, mais, hélas, il n’eut pas de poste politique au cours des années fatidiques de 1933 à 1939.

Voici, par exemple, ce qu’a écrit Churchill : « Un jour, le Président Roosevelt m’a demandé des suggestions sur comment la guerre devait être appelée. Je lui ai répondu…la guerre inutile. Il n’y a jamais eu une guerre plus facile à arrêter que celle qui vient de détruire ce qui restait du monde de la lutte précédente [ie, la Première Guerre mondiale] ».

Churchill faisait allusion aux moments clés entre 1933 et 1939 – et il y en avait plusieurs – où les dirigeants auraient du résister au Troisième Reich plutôt que de détourner les yeux, à chercher à apaiser, ou à se convaincre que ce qu’ils voyaient n’était pas la réalité.

Compte tenu de la situation périlleuse du monde d’aujourd’hui, il n’est pas étonnant que tant de gens continuent à citer Churchill et aspirent à des dirigeants qui partagent ses qualités de leadership indéfectibles.

Troisièmement, il y a des moments où les outils du « soft power » – tels que le dialogue, la négociation et le compromis – ne fonctionnent plus autant qu’ils le devraient même si cela doit toujours être les options privilégiées.

Poussé par les théories raciales diaboliques, les ambitions territoriales, et l’aspiration à un «Reich millénaire», le régime nazi aurait pu être arrêté de cette façon et son idéologie serait « mort-née » il y a 75 ans, aujourd’hui.

À son crédit, la Pologne avait compris.

L’armée polonaise s’est défendue tant bien que mal contre la blitzkrieg allemande, mais n’était pas de taille.

La Grande-Bretagne, alors dirigée par Churchill, et la France déclarèrent donc la guerre à l’Allemagne, mais avec la chute de la France en Juin 1940, la Grande-Bretagne fut essentiellement seule jusqu’à Juin 1941, lorsque l’URSS conclut, à la suite de son pacte faustien avec Hitler, le pacte germano-soviétique. Et puis, bien sûr, les États-Unis, de toutes ses forces, rejoignirent la cause des Alliés en Décembre 1941, après Pearl Harbor.

Rien de moins que l’inconditionnelle capitulation allemande était l’objectif des Alliés. Après un immense courage et de grands sacrifices, il a été atteint.

Et quatrièmement, il aurait été impossible d’imaginer, le 1er Septembre 1939, la formation d’une l’Union européenne, avec en son cœur, la France et l’Allemagne en tant que partenaires et alliés.

Ou de penser que 75 ans plus tard, presque jour pour jour, le Premier Ministre polonais serait choisi pour diriger les 28 États membres de l’UE, et un ministre des Affaires étrangères italien, dont le pays était autrefois allié à l’Allemagne nazie, allait devenir le chef de la politique étrangère.

L’UE ne s’est pas faite par hasard.

Au contraire, elle résulte de la vision extraordinaire de ces dirigeants qui, après la fin de la guerre, décidèrent de créer un modèle alternatif pour le continent européen imbibé de sang.

Ils ont réussi au-delà de leurs rêves les plus fous, mais tant que l’Est et l’Ouest étaient définis par le Mur de Berlin, ces derniers ont été limités dans ce qu’ils pouvaient réaliser. Après la chute du mur, cependant, l’UE a pu s’élargir encore, tout comme l’élargissement de la zone de paix et de démocratie ; ce qui prouve que l’histoire peut en effet faire un bond en avant.

Pendant ce temps, quand Polonais et Juifs avaient encore la chance de quitter leur pays, trop souvent, ils n’avaient nulle part où aller. Ils ont été pris au piège. Dans les années 1930, Hitler ralliait le monde, affirmant que si tout le monde était inquiet du sort des Juifs, d’autres pays devraient alors les accueillir et les réinstaller. Mais hélas, avec malheureusement quelques exceptions près, il n’y eut pas beaucoup de tapis de bienvenue – mis à part les États-Unis, le Canada ou l’Australie.

Si Israël avait existé en tant qu’Etat souverain en 1939, plutôt que comme un mandat britannique aux politiques d’immigration restrictives sérieuses, combien de Juifs européens auraient pu être sauvés de leur destin tragique à Belzec, Buchenwald et Birkenau?

Pourtant, étonnamment, seulement dix ans après le début de la guerre, la nation d’Israël renaissait, l’accomplissement de la vision ancienne du peuple juif, furent admise à l’ONU, elle-même créée seulement quatre ans plus tôt.

Oui, l’impossible peut arriver.

Ainsi, tout comme le monde démocratique doit-il être vigilant sur les maux qui se cachent, il ne faut jamais perdre sa capacité à imaginer et à s’efforcer de toujours aller de l’avant.

De cet anniversaire solennel, ce sont des leçons qui méritent bien d’être méditées.

David Harris, Directeur de l’AJC, 2 septembre 2014

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