Comité de Réponse
Universités en ligne de l’Union des Etudiants Juifs de France
Avec le soutien du L.A. Pincus Fund.
Combien de fois entend-on dire que les Juifs ont « de l’argent ». Le préjugé est éculé, mais néanmoins tenace. Comment s’en défaire ?
Il d’agit déjà d’en saisir l’origine. Au Moyen-Âge, les Juifs se voient dans la plupart des provinces de France interdire la culture de la terre et l’élevage du bétail. A défaut de pouvoir s’établir sur une terre cultivable, ils sont nombreux à se consacrer aux métiers de circulations : vendeur de bestiaux, d’objets, qui circulent dans les villages d’une zone déterminée et commercent avec les paysans. Or de la circulation naît la finance et le prêt. Si le paysan de tel lieu est en mesure de prêter, et celui du village voisin a un besoin de financement, l’intermédiation appartient à l’individu capable de les relier l’un à l’autre. C’est pourquoi le juif vendeur de bestiaux ou chineur ambulant sera bien souvent l’artisan d’un prêt à intérêt.
Du prêt à l’usure juive.
Du prêt à l’usure, il n’y a qu’un pas. Le prêt est une activité honnête. L’usure est répréhensible. L’usure est d’ailleurs condamnée dans par l’Eglise et dans la Bible. Elle peut être définie comme un prêt à taux si élevé que le service bancaire devient en réalité une forme d’extorsion. Dès lors, l’expression « usure juive » est péjorative. Elle vient suggérer une avidité du Juif, prêteur insatiable qui pratiquerait des taux d’intérêt malhonnêtes. L’expression est sous-tendue également par l’idée d’une usure juive organisée, comme une association de Juifs ayant pour objectif d’appauvrir les chrétiens. L’idée qu’il existe une « usure juive » est l’un des plus anciens poncifs antisémites.
Ainsi, du fait d’une division du travail induite par la loi chrétienne aux dépens des Juifs au Moyen-Age, les Juifs se voient taxer d’être des usuriers et d’entretenir avec l’argent un rapport caractéristique. Il est aisé d’imaginer que tel débiteur du vendeur de bestiaux local soit bien prompt à accuser son créancier d’avidité. Qu’il semble commode de tenir celui qui chaque jour me réclame de l’argent d’être obsédé par les richesses.
Les Juifs sont-ils riches?
Il n’existe pas en France de statistique ethnique permettant de déterminer le niveau de vie des Juifs. Il est toutefois possible de mobiliser une variable instrumentale : le lieu d’habitation. Les plus grandes communautés juives de France se situent dans le XIXème arrondissement de Paris et à Sarcelles. Il s’agit de deux zones d’habitation populaires. Par conséquent, il y fort à parier que les Juifs habitants ces quartiers aient des niveau de vie modeste. En effet, la population juive de France, largement issue d’une immigration récente, partage le destin social des populations immigrées, dans les quartiers populaires. Et les Juifs ne sont donc pas plus riches.