Monday 25th November 2024,
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« Juif ou israélien »

Comité de Réponse

Universités en ligne de l’Union des Etudiants Juifs de France

Avec le soutien du L.A. Pincus Fund.

Bien souvent sont associés comme une entité juifs et israéliens. Les Juifs seraient responsables du malheur du peuple palestinien. Cette amalgame est bien souvent à l’origine de passages à l’acte antisémites. Ce fut le cas lors des vagues d’agressions qui eurent lieu lors de la seconde intifada. La violence au Proche-Orient envenimait les quartiers de France, selon une logique d’importation du conflit israélo-palestinien : les Juifs de France étaient assimilés aux Israéliens, et les Arabes et musulmans de France aux Palestiniens.

Cette logique est à la source de justifications d’actes de grande violence. Dans les esprits d’agresseurs antisémites, l’action violente visant les Juifs se donnait comme acte de représailles légitime, de la même façon que le terrorisme est défendu par ses promoteurs en vertu de la logique de symétrie. Le dernier exemple de la potentialité de violence que recèle cet amalgame est donné par Mohammed Merah, qui justifiait les assassinats qu’il s’apprêtait à commettre par la mort d’enfants palestiniens au Proche-Orient.

L’amalgame entre Juif et Israélien conduit à une importation du conflit, c’est-à-dire à l’importation d’une logique de guerre (asymétrique) au sein même de la société française. Dès lors que les relations entre Juifs et Musulmans sont envisagées selon les grilles de lecture du conflit palestinien, l’exigence républicaine de vivre-ensemble est sapée au profit d’une grammaire du conflit armé. D’une certaine façon, le registre de la violence terroriste est utilisé pour justifier une violence totale à l’encontre de la communauté juive de France. Il ne s’agit pas ici d’attaquer l’identité des Juifs français, comme s’y attache la rhétorique de la double allégeance, par exemple, mais bel et bien de s’en prendre à leur intégrité physique.

 

Les implications de l’amalgame entre Juifs et Israélien constituent un appel exprès à sa déconstruction, qui procède selon deux moments en miroir l’un de l’autre.

Tout d’abord, les Israéliens ne sont pas tous juifs. En effet, 20% de la population israélienne est composée d’Arabes israéliens. En d’autres termes, 1,4 millions d’Israéliens sont des Arabes. Il ne s’agit pas de Palestiniens, mais bien d’Arabes de nationalité israélienne, qui élisent des députés à la Knesset, et connaissent les mêmes droits civiques que les Israéliens juifs ou non juifs.

Parallèlement, les Juifs de France ne sont pas, à certaines exceptions près, israéliens. S’il est des Juifs possédant à la fois les nationalités française et israélienne, la plupart des Juifs français ne sont pas israéliens. Reste qu’ils sont nombreux à entretenir avec Israël un rapport privilégié. Israël n’est-il pas le pays des Juifs, où tous les Juifs du monde peuvent trouver refuge? Certes.

Mais les Juifs français ne votent pas en Israël, et ne sont pas parties prenantes des actions menées par le gouvernement israélien. Ils n’élisent pas ses dirigeants, et n’ont pas à répondre de leurs actes. Ils ne doivent pas en être tributaires.

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