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Dieudonné : et pendant ce temps, ses vidéos racistes cartonnent. Mais que fait YouTube ?

L’affaire Dieudonné nous met chacun devant notre responsabilité face au racisme. Elle nous interroge sur nos choix éthiques. Il n’est pas question ici d’accuser YouTube de désirer exploiter les vidéos antisémites de Dieudonné. Mais il s’agit malheureusement d’un fait.

 

Sur le site de vidéo-partage, il est possible de faire des millions de vues en tenant des propos négationnistes. Si demain je publie une vidéo contre Dieudonné sur YouTube, elle pourra être accompagnée d’une recommandation de consultation d’une vidéo antisémite réalisée par Dieudonné et dont certains propos ont peut-être même déjà été condamnés par la justice.

 

Cette perspective m’est insupportable.

 

Youtube se doit de supprimer les vidéos racistes

 

Me voilà donc empêché de proposer mes créations audiovisuelles à YouTube, laissant les vidéos haineuses de Dieudonné et consorts occuper l’espace. Par la popularité des vidéos de Dieudonné, le site de vidéo en ligne lui donne une place de premier choix. Toutes les vidéos sur Dieudonné, pour ou contre, mènent aux vidéos réalisées par Dieudonné.

 

Le fonctionnement de Youtube est ainsi fait qu’en naviguant sur ce site, nous ne pouvons échapper à sa parole haineuse. Il arrive à mettre à son service les principaux outils d’indexation, la newsletter et la page d’accueil de YouTube. Il est devenu un locataire privilégié de la plateforme web. Son théâtre de la Main d’Or devenant son lieu de représentation secondaire.
Youtube se doit de supprimer les vidéos racistes si elles lui sont signalées. Je peine à croire que personne n’ait signalé les vidéos de Dieudonné jusqu’à présent. Internet n’est pas une zone de non-droit. Il n’existe à ce jour, sauf hélas en pratique, aucun régime d’immunité numérique.

 

Le recours à la loi peut imposer à terme à YouTube de supprimer ces vidéos mais cela prendra du temps et arrivera tard, trop tard. Le statut quo actuel ne nous permet en rien de nous prémunir d’une haine vidéo-partagée.
Empêcher le site d’héberger la haine

Comment alors empêcher que le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie puissent être relayés et amplifiés par les sites de vidéos en ligne ?

Certains balaient la question en agitant le mot “censure” et la crainte, toujours légitime, d’atteinte à la liberté d’expression. Mais cette actualité nous impose de trouver une réponse à une situation intenable. Le statut juridique de ces prestataires du net, pensé il y a plus de dix ans, n’a certainement plus de sens.

Ils ne sont pas qu’un espace de stockage. Leur objectif dépasse l’hébergement de contenus. Ils se disent au service de la diversité culturelle et de la création artistique. Ils doivent donc accepter la proposition de la ministre de la Culture de les qualifier d’éditeur de service culturel numérique. Leur statut juridique modifié, la lutte contre la haine sur le web ferait un grand pas.

Avec la prochaine proposition d’une loi Création, la ministre de la Culture a un nouvel enjeu de taille : empêcher YouTube d’héberger la haine.

Jonathan Hayoun, producteur.

Le Plus, Nouvel Obs, 14 janvier 2014

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