Alain Soral a décidé de me poursuivre en justice pour avoir rappelé son influence auprès des antisémites qui choisissent de s’exprimer ou de passer à l’acte. Est-ce atteindre à son honneur ? Est-ce le diffamer que de rappeler ses paroles et sa responsabilité dans la libération de la parole antisémite que nous observons sur le web.
L’audience se déroulera le 20 février au tribunal de grande instance de Paris. Dans ce lieu même où vendredi dernier, lors d’un procès contre Dieudonné, plus de cent personnes chantaient “Shoananas” et répétaient avec délectation le geste de la quenelle. Les tentatives d’intimidation des soutiens de Dieudonné lors de ce procès pour apologie de crime et injure raciale de l’ancien humoriste, avaient pour objectif de nous faire renoncer à continuer à agir en justice. Alain Soral renchérit en entamant des poursuites pour diffamation. Nous ne renoncerons pas à combattre l’antisémitisme. Dieudonné et Alain Soral sont les porte-paroles d’un antisémitisme qui rencontre une large audience sur les réseaux sociaux. Ils aspirent à diffuser cette haine en totale impunité et tentent de faire peur à ceux qui veulent faire appliquer la loi. Ils cherchent à faire du racisme une opinion et non un délit. Nous continuerons donc à les poursuivre en justice autant que faire se peut.
Hier, le Président de la République a annoncé que la France doit lutter sans relache “contre le sarcasme de ceux qui se prétendent humoristes et qui ne sont que des antisémites patentés”. Cette parole ferme et claire du Président de la République a le mérite de rappeler la prise de conscience et la sensibilité de nos dirigeants face au succès croissant des discours de Dieudonné et Soral. Quand on est victime de racisme, on se sent seul. Ces paroles sont importantes tout comme doit l’être une lutte active et efficace.
Certains se sentent désemparés face à la popularité de Dieudonné, d’autres ont peur du piège pervers tendu par sa posture de persécuté qui participe de son succès.
Une idée a retenu notre attention dans les rapports controversés sur l’intégration remis à Matignon: l’élaboration d’un délit d’harcèlement racial. L’introduction de cette notion dans notre droit nous permettra de mieux lutter contre ces auteurs en série de propos antisémites. Cette notion permettra de faire face à cette mutation du racisme qui s’exprime par du “trolling” raciste sur la toile.
Les racistes ne doivent défiler dans aucun boulevard qu’il soit réel ou virtuel.
Jonathan Hayoun, président de l’UEJF.
Huffington Post, 17 décembre 2013.