Entre 18 et 24 ans, plus d’un jeune sur deux n’exclut pas de voter Front National aux élections municipales. Tel un coup de tonnerre, voilà le résultat obtenu au sondage que nous avons commandé à l’institut Polling Vox. Sur un échantillon représentatif de 1003 personnes, 55% des jeunes pourraient voter FN. C’est une première malheureuse. Pour ceux qui ont grandi dans un climat où le discours raciste est banalisé, bien que dénoncé dans le principe, il n’y a aujourd’hui aucune évidence. Les jeunes ont du mal à identifier le racisme là où il se trouve, et en particulier dans les discours xénophobes du Front National.
Déceler le discours raciste ne s’improvise pas. Il est essentiel de former les jeunes, d’éduquer à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Nous devons débusquer sans cesse la parole politique raciste qui se glisse sous couvert de candeur ou de provocation “politiquement incorrect”.
Les Français sont tout de même prêts à faire barrage au racisme y compris dans les urnes. La volonté des Français de faire face au racisme est tenace. 69% des Français seraient prêts à modifier leur vote si un candidat sur la liste qu’ils soutiennent tient des propos racistes ou antisémites. 71% des Français considèrent justifiés de poursuivre en justice un homme politique tenant des propos racistes ou antisémites. Et les jeunes de 18 à 24 ans sont les plus sévères à l’égard des propos racistes.
Beaucoup condamnent le racisme, peu sont prêts à l’identifier pour le combattre. Il devient donc urgent de multiplier les espaces de transmission qui permettront d’identifier le discours de haine, pour éviter que les paroles et les actes racistes et antisémites se multiplient et que le FN continue à être normalisé. La campagne à venir doit être une campagne des valeurs mais aussi une campagne faite de pédagogie et de déconstruction des discours d’exclusion. L’antiracisme dont être pris en compte dans les programmes politiques des partis politiques républicains voulant faire barrage à l’extrême-droite.
Ce week-end deux dirigeants politiques ayant rejoints le FN, transfuge du Front de Gauche et de l’UMP, ont quitté ce parti en raison du racisme ambiant. Il n’est donc pas surprenant que les sympathisants FN soient les plus complaisants à l’égard des propos racistes. 64 % d’entre eux ne modifieraient pas leur intention de vote si un candidat sur la liste qu’ils soutiennent tient des propos racistes ou antisémites. 60 % trouvent injustifiés de poursuivre en justice un homme politique tenant des propos racistes.Ce parti continue de se structurer autour d’un discours qui distille la haine, attise les peurs et agite les préjugés.
L’Union des étudiants juifs de France va réunir des partenaires partout en France pour lancer un observatoire du racisme dans les discours de campagne. Nous serons vigilants durant les deux échéances électorales à venir.
Le sursaut républicain tant souhaité dans ce climat délétère est nécessaire et indispensable. Il n’a de sens que s’il s’accompagne d’actes de transmission auprès de la jeunesse. Les jeunes doivent s’approprier l’histoire de la République.
La France se bat aux cotés des victimes de racisme et d’antisémitisme. Ses valeurs, nos valeurs, nous imposent de mettre au ban ceux qui s’inscrivent dans des positions discriminantes ou même complaisantes à droite comme à gauche et au premier chef les partis d’extrême-droite.
Jonathan Hayoun, président de l’UEJF, 25 novembre 2013, Huffington Post