La circoncision est un acte religieux bénin effectué chez les Juifs sur les enfants mâles au huitième jour après la naissance. Elle consiste en l’ablation partielle ou totale du prépuce du pénis de l’enfant. Il s’agit d’une des opérations chirurgicales les plus pratiquées couramment au monde, notamment aux États-Unis, sur les nouveau-nés. Il ne faut pas la confondre avec l’excision pratiquée sur les petites filles, qui est une mutilation génitale grave poursuivie et punie dans la plupart des pays occidentaux et condamnée par l’ONU et l’OMS.
« Des centaines d’études médicales ont prouvé formellement que la circoncision du nouveau-né prévenait efficacement de nombreuses affections médicales potentiellement graves »
Cette prescription religieuse a été enjointe à Abraham et à ses descendants comme « signe de l’Alliance », conclue avec Dieu pour toutes les générations. La sanction du non-respect de cette prescription étant l’excommunication du peuple « karet » (Genèse XVII 10-14, XXI 4; Levitique XII 3). Profondément enracinée dans l’esprit des anciens Hébreux, la circoncision est restée tout au long des siècles un acte fondateur de communion ethnique et spirituelle qui forge la conscience juive depuis la plus tendre enfance.
– Historique :
Philon et Flavius Josèphe, puis par Saadia Gaon et Maïmonide évoquèrent des raisons hygiéniques de la pratiquer jusqu’à Rosenzweig (« Zur Beschneidungsfrage », 1878), qui recommandait son introduction dans l’armée prussienne pour la pratiquer. Pendant l’exil babylonien, les pratiques du Shabbat et de la circoncision sont devenues les symboles spécifiques du judaïsme. Lors de leur contact avec la vie des Grecs, surtout dans les jeux de l’arène, cette distinction devint odieuse aux Grecs, et Antiochus Épiphane émit en -167 avant notre ère un édit interdisant la circoncision des Juifs ; les femmes juives montrèrent alors leur fidélité à la loi juive, au risque de leur vie, en faisant circoncire leurs fils.
– Explications rabbiniques de la circoncision :
Le roi David, quand il se vit au bain remercia Dieu pour la circoncision qui le protégeait, et il chanta la douzième Psaume qui, selon une tradition rabbinique, se réfère à l’acte de la circoncision.
La circoncision doit, selon la loi juive, autant que possible, avoir lieu le huitième jour, même si cela tombe le jour du Shabbat (Traité Shabbat du Talmud, XIX 1). C’est dire l’importance de cet acte religieux et de sa pratique au plus près de la naissance. Il est du devoir du père de voir son enfant circoncis, et s’il manque à son devoir, il incombe à l‘autorité religieuse de le permettre ou à l’individu lui-même de le faire pratiquer sur soi dès qu’il en aura la possibilité (Traité Kiddushin du Talmud, 29a).
– La cérémonie :
Depuis l’exil en diaspora, la cérémonie a lieu à la synagogue, généralement après l’office religieux, en présence de toute l’assemblée. Le parrain tient l’enfant sur ses genoux pendant l’opération tandis que la congrégation accueille l’enfant en clamant : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Psaume CXVIII 26). Puis la personne en charge de l’opération (en hébreu « mohel ») récite plusieurs psaumes et la bénédiction : «Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l’univers, toi qui nous as sanctifiés par tes commandements, et qui nous as enjoints d’effectuer le commandement de la circoncision ». Lorsque l’opération est terminée, le père de l’enfant récite la bénédiction : « Béni sois-tu … qui nous as sanctifiés par tes commandements, et tu nous as enjoints de faire entrer l’enfant dans l’alliance d’Abraham notre père”, et la congrégation répond : « Comme il est entré dans l’Alliance, ainsi il pourra également se vouer à l’étude de la Torah, se marier sous le dais nuptial et accomplir de bonnes actions. Le nom de l’enfant est révélé immédiatement après la circoncision, comme c’était le cas dans le Nouveau Testament pour Jean Baptiste et Jésus (Luc I 59-60 et II 21) et la congrégation bénit ensuite l’enfant qui vient d’être nommé.
La circoncision est-elle bénéfique pour la santé ?
Elle est le principal traitement du phimosis. A partir du 19e siècle, la circoncision commença à être pratiquée comme une opération chirurgicale de routine pour prévenir des maladies et conduites sociales telles que la syphilis, la masturbation, les céphalées, les prolapsus rectaux, la goutte et même l’asthme.
Sa prévalence en Europe est d’aujourd’hui moins de 20% des enfants, tandis que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dans son rapport de 2007, estimait à environ 30% des enfants mâles, soit environ 665 millions d’hommes qui étaient circoncis dans le monde. D’ailleurs, l’OMS organise en Afrique des campagnes de prévention des maladies sexuellement transmissibles (MST), notamment du SIDA, en préconisant la pratique systématique de la circoncision pour limiter le risque de diffusion des MST. Les principaux pays où l’on trouve des hommes circoncis sont les États-Unis, le Canada, les pays du Moyen-Orient et d’Asie et de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne. La circoncision reste pratiquée de façon routinière aux États-Unis.
En aout 2012, la prestigieuse American Academy of Pediatrics (AAP) a formé un groupe de travail multidisciplinaire avec les meilleurs spécialistes de la circoncision qui a rédigé une déclaration selon laquelle les bénéfices de la circoncision néonatale étaient supérieurs aux risques (//www.aap.org/en-us/about-the-aap/aap-press-room/pages/Newborn-Male-Circumcision.aspx). Elle a notamment présenté huit arguments en faveur de la circoncision néonatale qu’il est important de rappeler :
1) OUI la circoncision assure une protection contre certaines infections sexuellement transmissibles (IST) comme la syphilis, l’herpès génital, le chancre mou, le trichomonas et les infections à Human Papilloma Virus (HPV),
2) OUI la circoncision prévient la survenue de cancers du pénis et du gland.
3) OUI le risque de cancer du col utérin chez les femmes dont le partenaire est circoncis diminue.
4) OUI la circoncision assure une protection contre le SIDA en permettant de réduire de 60% à 70% la transmission hétérosexuelle du VIH.
5) OUI la circoncision limite les infections urinaires infantiles graves, car les garçons non circoncis ont environ 10 fois plus de risques de contracter une infection urinaire que ceux qui le sont.
6) NON la circoncision ne gâche pas le plaisir sexuel aussi bien chez l’homme que chez la femme.
7) NON la circoncision n’est pas traumatisante pour les nouveau-nés qui disposent de capacités pour supporter le stress et pour assurer une cicatrisation rapide.
8) OUI les complications sont exceptionnelles (moins de 0,5%) et le plus souvent mineures entre les mains d’un opérateur (mohel) expérimenté.
9) OUI, sur le plan hygiénique, le pénis est ainsi plus facile à nettoyer, empêchant l’inflammation du gland (balanite).
Sur le plan des effets secondaires et complications :
La circoncision ne nuit pas à la fonction sexuelle du pénis, à sa sensibilité ou à la satisfaction sexuelle.
Il est impératif que ceux qui pratiquent la circoncision soient suffisamment formés, opérant de façon stérile, en gérant efficacement la douleur.
Les complications aiguës significatives sont rares. En général, les opérateurs non-qualifiés qui effectuent des circoncisions rencontrent plus de complications que ceux qui sont bien formés qui l’effectuent, qu’ils soient médecins, infirmiers ou opérateurs religieux (mohalim) traditionnels.
Les parents ont droit à une information préalable correcte, non biaisée sur la circoncision, avec description des avantages et des risques potentiels en s’assurant que les parents les comprennent bien. Ils doivent être informés et guidés quant aux soins à apporter ensuite au pénis.
Comme pour toute intervention chirurgicale, il y a des risques d’effets secondaires associés, pendant ou peu après l’opération. Il peut s’agir de: douleur, saignement, hématome, infection, sensibilité accrue du gland du pénis pendant les premiers mois après l’intervention, irritation du gland, méatite (inflammation temporaire de l’ouverture de l’urètre), blessures du pénis. Ces effets secondaires restent toutefois exceptionnels.
Ces effets secondaires et complications, lorsqu’elles surviennent, sont le plus souvent facilement et rapidement contrôlés. Les données statistiques de la littérature montrent qu’il n’y a qu’ils ne portent que sur 0,5% seulement des opérations.
Depuis près de 2000 ans, les antisémites de toutes les époques ont toujours voulu interdire la circoncision sous prétexte qu’il s’agissait d’un acte « barbare et rétrograde ». Des ONG américaines, comme Intact American, fondée en 2008 et qui a tenté sans succès d’imposer l’interdiction de la circoncision par référendum en Californie, voudraient protéger les enfants “d’une altération permanente qui leur est infligée sans leur consentement, au nom de la culture, de la religion, du profit, ou de la préférence parentale”. Par contre, selon le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies, le taux national de nouveau-nés circoncis aux États-Unis fut de 64,5% en 1979, ne baissant ensuite que légèrement, étant de 58,2% en 2010.
Tout récemment, au terme de la résolution 1952, adoptée le 2 octobre 2013 par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, les 47 États membres ont été invités à prendre des mesures contre les “violations de l’intégrité physique des enfants” et en particulier la circoncision. Cette résolution était basée sur un rapport rédigé par Marlène Rupprecht, au nom du Comité pour les Affaires sociales, la Santé et le développement durable, comparant la circoncision aux mutilations génitales féminines, aux piercings, tatouages et à la chirurgie plastique de l’enfant.
Ceci va à l’encontre des centaines d’études médicales qui ont prouvé formellement que la circoncision du nouveau-né prévenait efficacement de nombreuses affections médicales potentiellement graves. Si l’Académie américaine de Pédiatrie pense que de tels bénéfices ne sont pas suffisants pour recommander de pratiquer la circoncision de façon systématique, elle recommande néanmoins que les mutuelles la remboursent. L’Organisation mondiale de la santé est plus catégorique et la recommande dans ses programmes pour enrayer l’épidémie de SIDA : « Il y a des évidences scientifiques de 3 études randomisées selon lesquelles les hommes circoncis présentent un risque significativement moins grand de devenir infecté avec le virus HIV ». L’OMS recommande d’atteindre des taux de 80% d’enfants circoncis dans les pays d’Afrique où le virus HIV est endémique.
En conclusion, il serait intéressant que nos parlementaires européens soient mieux informés des bénéfices médicaux de la circoncision néo-natale, car cela les aiderait probablement à réviser leur jugement.
Victor Kamami, 13 novembre 2013.