Lettre ouverte de Sacha Ghozlan à Emmanuel Macron dans l’Express

Monsieur le Président de la République,

Lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, le 16 juillet 2017, vous avez réaffirmé la détermination de la République à combattre le racisme et l’antisémitisme. Vous avez rappelé la Mémoire des raflés du Vel d’Hiv, tout en n’occultant pas l’antisémitisme contemporain qui se déguise bien souvent en antisionisme.

A cet instant, mes pensées se sont tournées vers Avishay et vers Elisa dont le frère et l’oncle ont été assassinés à l’HyperCacher, vers Elie et vers Benjamin dont les familles ont été assassinées dans les camps de la mort et vers Marcel, mon grand-père dont le père Paul a été fusillé sur dénonciation de la police française le 20 mai 1942 au Mont Valérien.

Avishay, Elisa, Elie, Benjamin et Marcel savent plus que quiconque ce qu’est l’antisémitisme et combien il est précieux que l’Etat soit pleinement mobilisé pour le combattre. 
Mais pas une semaine ne passe sans qu’une entaille ne soit portée à la République.

Jusqu’à quand devrons-nous condamner ? Jusqu’à quand devrons-nous passer le plus clair de notre temps à tenter de recoudre un tissu républicain qui se délite ? Quel niveau d’effroi devons-nous atteindre pour que les mesures soient prises pour combattre le racisme et l’antisémitisme ?
En quelques jours, Louis Ferdinand Céline, Charles Maurras et Jacques Chardonne ont trouvé, de façon directe ou indirecte, des défenseurs au sein du gouvernement. Ainsi de votre Premier Ministre qui se positionnait en faveur d’une réédition des écrits antisémites de Céline et de votre Ministre de la culture qui s’accommodait d’une commémoration des naissances de Maurras et de Chardonne, avant de reculer pour le premier, sans rien dire du second.

Alain Soral, dont nous obtenons régulièrement la condamnation devant les tribunaux doit se réjouir. Celui qui publiait une caricature antisémite vous concernant pendant la campagne présidentielle s’inscrit dans la lignée des écrits antisémites de Louis-Ferdinand Céline, de Charles Maurras ou de Jacques Chardonne. Il doit attendre patiemment le jour où l’on trouvera bon de le rééditer ou de le commémorer, passant outre ses condamnations pour incitation à la haine raciale, au motif que son site Egalité et Réconciliation réunissait au début du XXIe siècle plusieurs millions de visiteurs et qu’il était à ce titre, le marqueur d’un courant de pensée.

En cette année 2017, les actes violents dirigés contre les juifs ont augmenté de 20%. En proportion, les français juifs ont 10 fois plus de risque d’être agressés que d’autres français en raison de leur religion. Derrière ces statistiques, il y a une souffrance bien réelle et une inquiétude qui grandit.

L’assassinat de Sarah Halimi dont le caractère antisémite a été rejeté par la justice, l’agression de la famille Pinto à son domicile de Livry-Gargan dont les agresseurs n’ont pas été arrêtés, la profanation de la stèle d’Ilan Halimi à Bagneux, les menaces anonymes reçues par la communauté juive de La Varenne Saint Hilaire, les croix gammées tagguées à l’HyperCacher, l’agression d’un enfant de 8 ans portant la Kippa à Sarcelles sont autant d’exemples récents de cet antisémitisme quotidien et violent qui génère un sentiment d’insécurité chez les français juifs.

Monsieur le Président, vous pouvez faire de la lutte contre l’antisémitisme une grande cause de votre quinquennat et soutenir le travail associatif, renforcer la place de l’Ecole républicaine dans la construction des citoyens, tenir un discours de fermeté face aux plateformes qui font commerce de la haine, renforcer la formation des policiers et des magistrats et combattre les radicalités partout où elles menacent notre socle commun de valeurs.

Monsieur le Président de la République, agissez contre l’antisémitisme. Demain, il sera trop tard.

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