Bilan d’Avoir 20 ans en Israël

Batsheva Baraban : chef de la délégation : 
 
Du 12 au 19 mars, j’ai eu l’honneur de mener une délégation de neuf étudiants israéliens sur les campus français pour y engager un dialogue ouvert et direct sur #Israël, un dialogue qui souvent, malheureusement, fait défaut.
Cette délégation, qui s’inscrit dans le cadre du projet de l’UEJF « Avoir 20 ans en Israël », est le fruit d’un partenariat inédit entre l’Union des Etudiants Juifs de France [ UEJF ] et StandWithUsqui a participé à la formation du groupe d’étudiants israéliens. Si ce projet a pu être mené à bien au-delà de tous mes espoirs, c’est grâce à l’immense générosité de l’UEJF qui a préparé notre venue, puis nous a formés, accueillis, encadrés et accompagnés durant toute la semaine, jusqu’au Shabbat de clôture passés tous ensemble à la synagogue de la Victoire.
Durant cette semaine, nous sommes allés à la rencontre d’une multitude d’étudiants sur plus de douze campus à travers la France.
Chaque rencontre, à Paris, à Lyon, à Marseille et à Montpellier, mais aussi, par exemple, au lycée professionnel d’Asnières, était bouleversante. Les étudiants que nous avons rencontrés et avec lesquels nous avons echangé peuvent à présent mettre un visage humain, celui d’un ou d’une jeune étudiant(e), sur « les Israéliens » : cela fait toute la différence et c’est là l’importance de notre visite.
Nous avons également rencontré le président du CRIF Francis Khalifa, le ministre plénipotentiaire de l’ambassade d’Israël en France qui nous ont soutenu dans notre démarche.
Nous avons vu qu’en France en 2017, bien que notre séjour ait – intentionnellement – pris place durant l’ « Israel apartheid week » organisé par le mouvement BDS, parler d’Israël dans les universités françaises est possible. Même ceux qui, parmi les étudiants français, étaient animés de forts préjugés ou de griefs à notre encontre, se sont montrés curieux, à l’écoute, et désireux d’engager un vrai dialogue. Nous avons constaté que derrière l’hostilité se tient surtout l’ignorance, fruit de la désinformation, l’ignorance des faits, et aussi le mauvais usage des mots et l’inconscience de leur poids. Car des écriteaux “Intifadez-vous!”, tels que nous en avons vus à Paris 8, aux passages à l’acte violents, il n’y a qu’un pas.
Si les étudiants se sont montrés la plupart du temps ouverts au dialogue, cela n’a pas toujours été le cas des administrations des universités : à Marseille, à Montpellier et à Saint-Denis nous n’avons pas obtenu la permission de tenir un stand ni de disposer d’une salle pour y donner une conférence. Cependant, nous n’avons pas renoncé et nous y sommes quand même allés, accompagnés par nos amis de l’UEJF. C’est d’ailleurs à l’université de Montpellier que j’ai fait la rencontre la plus marquante de mon séjour, avec un groupe d’étudiants d’origines algérienne et marocaine qui n’avaient jamais rencontré d’Israéliens auparavant : après une prise de contact difficile, assortie de déclarations antisionistes et antisémites de leur part, nous avons finalement réussi à dialoguer, ils m’ont remerciée d’être venue et m’ont dit que cette conversation leur avait ouvert de nouveaux horizons.
A la fin de notre séjour, nous avons eu une entrevue avec la rédaction du journal Libération, suite à la lettre ouverte de Sacha Ghozlan en réaction à l’éditorial de Nissim Behar au sujet du soldat Azaria. Nous avons fait part de notre expérience israélienne, éloignée de celle que présentent les médias français, ainsi que de la diversité d’opinions au sein de la société israélienne.
Tout au long de la semaine, nous avons essayé de déconstruire les préjugés et des idées préconçues, difficiles à entendre, que les étudiants français nourrissaient à notre encontre. Nous avons également travaillé sur nos propres préjugés à l’encontre des étudiants français.
Nous n’avons pas cherché à les persuader de nous aimer, mais plutôt essayé de leur faire comprendre que leurs fortes convictions ne reflètent pas toujours la réalité. Nous avons réalisé aussi que les pro-palestiniens rencontrés sur les campus ont souvent des position plus radicales que les Palestiniens ou les arabes israeliens avec lesquels nous étudions en Israël. Nous avons tenté, le temps d’une conversation, de leur faire faire un petit pas de côté pour laisser place au doute et à la remise en question, pour leur faire comprendre que la réalité israélienne n’est pas dichotomique mais complexe.
Je conclus cette semaine avec la conviction que notre travail est nécessaire, crucial, et qu’il doit être poursuivi sans relâche. Nous avons fait la preuve que le #dialogue peut l’emporter sur la haine et continuerons d’œuvrer à ce que cet espoir puisse vivre.

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