Étudiants juifs de France, la laïcité ne vous interdit pas de célébrer Yom Kippour

Depuis quelques jours, nous recevons des séries de messages et d’appels d’étudiants alarmés parce que leur université refuse d’excuser leur absence demain, pour le jour de Kippour. Les étudiants nous transmettent les réponses que leur ont adressé leur professeur, ou l’administration de leur fac. Nous y lisons “qu’il n’est pas possible d’accéder aux demandes de toutes les confessions religieuses pour l’établissement des plannings d’études “.

Il ne s’agit pas de modifier les plannings, mais seulement d’excuser l’absence de quelques élèves pour le jour le plus solennel de l’année juive. Cette demande n’est pas excentrique. L’Etat s’est prononcé à ce sujet, par une circulaire publiée chaque année en décembre au BOEN (Bulletin officiel de l’Education nationale) qui indique les grandes fêtes religieuses ouvrant droit à des autorisations d’absence : trois fêtes orthodoxes, trois fêtes arméniennes, trois fêtes musulmanes, trois fêtes juives (Kippour, Rosh Hashana, Chavouot), une bouddhiste. Kippour fait partie des trois fêtes juives autorisées et excusées.

Cette circulaire se fonde sur une jurisprudence de 1995 précisée par deux arrêts du Conseil d’Etat du 14 avril 1995 (Koen et Consistoire central des israélites de France, publiés au Recueil des arrêts du Conseil d’Etat 1995 p.168 et 171) : « L’obligation d’assiduité n’a pas pour objet et ne peut avoir pour effet d’interdire aux élèves qui en font la demande de bénéficier individuellement des autorisations d’absence nécessaires à l’exercice d’un culte ou d’une célébration religieuse, dans le cas où ces absences sont compatibles avec l’accomplissement des tâches inhérentes à leurs études et avec le respect de l’ordre public dans l’établissement ».

Car en effet, la laïcité n’est pas un principe d’exclusion, mais, au contraire, un mode d’emploi du vivre-ensemble républicain. La laïcité n’est pas le rejet des religions mais au contraire la neutralité de l’Etat et la séparation des religions et de l’Etat. Cette pratique de « laïcité restrictive » méconnaît la volonté du législateur qui, en adoptant la loi du 9 décembre 1905 a souhaité établir une frontière entre l’Etat et les Eglises avec une laïcité d’inclusion comme celle revendiquée par Jules Ferry. S’il semble clair “qu’il n’est pas possible d’accéder aux demandes de toutes les confessions religieuses pour l’établissement des plannings d’études”, la laïcité prévoit des aménagement possibles au niveau local, pour que pratiquer une religion ne vous sanctionne pas dans vos études.
Etudiants juifs de France, vous avez le droit de demander à être excuses pour Yom Kippour. Si vous rencontrez des difficultés, contactez-nous, nous vous aiderons à faire valoir vos droits.

J’en appelle aux Présidents d’Universités, pour qu’ils s’attachent à faire respecter tant la lettre que l’esprit du principe de laïcité qui constitue l’un des fondements de notre République.

Sacha Reingewirtz
Président de l’UEJF

 

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