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Mémorial de la Shoah de Drancy : un “lieu d’histoire et d’éducation”

Le Mémorial de la Shoah, qui ouvrira dimanche au public, rend hommage aux 63.000 Juifs déportés pendant la Seconde Guerre mondiale depuis le camp de Drancy. Ce qui fut une véritable “antichambre de la mort” française sera désormais un lieu “d’histoire et d’éducation”.

Ils ont été 63.000 sur les 76.000 Juifs déportés de France à avoir transité par la Cité de la Muette de Drancy, transformée en camp d’internement en 1941, puis en camp de regroupement entre 1942 et 1944, avant d’être fusillés ou, pour la quasi-totalité, envoyés dans des camps d’extermination via les gares du Bourget et de Bobigny. Seuls deux à trois pour cent des internés à Drancy ont survécu.

“A partir de 1942, Drancy devient un camp de déportation, avec parfois trois départs par semaine” pour Auschwitz, a souligné mercredi Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah de Paris et de Drancy, lors d’une visite de presse. Drancy devint ainsi une “plaque tournante” où les “Juifs de toute la France vont être amenés”.

Drancy fut “l’antichambre de la mort”, même si “on a du mal à s’en rendre compte aujourd’hui”, a complété Philippe Allouche, directeur général de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, fondation à l’initiative de ce lieu.

Le Mémorial de la Shoah de Drancy sera inauguré vendredi en présence du président de la République François Hollande, avant d’ouvrir ses portes au public dimanche. S’il ne se trouve pas au coeur de la Cité de la Muette, les larges baies vitrées de sa façade donnent directement sur le bâtiment en U.

La construction de cet habitat collectif avait commencé dans les années 30 sans être achevée. La Cité retrouvera sa destination initiale en 1948 et les bâtiments, réhabilités en logements, sont toujours occupés aujourd’hui. L’édifice sera classé bâtiment historique en 2001.

Conçu par l’architecte suisse Roger Diener sur un terrain en face de la Cité cédé gracieusement par la ville de Drancy, le Mémorial de 2.500m2, blanc et gris clair, s’organise sur cinq niveaux. Outre un centre de documentation et des salles de conférence, une exposition permanente permet de découvrir tous les aspects du camp au travers de neuf documentaires réalisés par Patrick Rotman. Des ateliers pédagogiques sont également programmés.

C’est “un lieu sobre. On n’a pas voulu quelque chose de flamboyant. On a voulu l’intégrer à la ville”, a expliqué Philippe Allouche qui s’est déclaré “très heureux que le projet aboutisse alors que des témoins sont encore vivants”. “J’ai eu l’impression d’entrer en enfer”, a raconté Annette Krajcer, internée à Drancy à 12 ans, en août et septembre 1942, et qui revenait mercredi pour la première fois à Drancy.

Sauvée par “miracle” de la déportation avec sa soeur, elle faisait partie des “4.000 enfants” de la rafle du Vel’ d’Hiv de juillet 1942 et avait séjourné dans un premier temps au camp de Pithiviers (Loiret). Même si elle n’attend “plus rien”, 70 ans après les événements, Annette Krajcer voit en ce Mémorial “un lieu qui permet de former à être plus tolérant et solidaire” et “à pérenniser la mémoire de ces victimes qui ont tant souffert” sous la férule de “Français”, les “seuls exécutants” des ordres nazis dans le camp. Les gendarmes ne seront écartés de l’organisation du camp qu’en 1943.

Le Mémorial espère offrir “des outils de travail pour le grand public” désireux de mieux connaître Drancy et la Shoah, le Mémorial de Paris, avec ses 40 millions de documents archivés, restant un lieu dédié aux chercheurs.

Nouvel Obs’, 19 septembre 2012.

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