Chronique de la délégation en Tunisie– Jour 2

Chronique de la délégation en Tunisie– Jour 2

Une association de chômeur

Notre deuxième journée commence par la rencontre d’un des responsables de l association des diplômés chômeurs. En Tunisie, l’école est obligatoire jusqu’à 13 ans et la plupart des manifestants que nous rencontrons sont étudiants ou diplômés  sans emploi .Il nous explique la difficulté à trouver sa place en tant que chômeur dans les mouvements contestataires quand la situation professionnelle ne permet pas d’être syndiqué ou dans un mouvement étudiant.

Les femmes tunisiennes

Nous déjeunons ensuite avec les leaders de l association des femmes démocrates de Tunisie.  Malgré sa réputation, le travail à faire est énorme en Tunisie concernant l’égalité des droits. Les femmes ont une place très importante en Tunisie. Ici, tous les hommes nous racontent la relation aux femmes, plus fortes que les hommes. On dit ici que Mohamed Bouazizi se serait immolé du fait de toutes les brimades des policiers mais aussi parce qu’une femme policier l’aurait giflé, humiliation qu’il n’a pu supporter….

Rencontre avec la centrale syndicale UGTT

La journée s’est poursuivie avec un rendez vous avec le secrétaire général de l UGTT (Union Général des Travailleurs Tunisiens) et le ministre a la durée d exercice la plus courte depuis la révolution (25 minutes), un économiste impliqué a l UGTT. Ils montent le conseil de défense de la révolution, regrettent la manière dont ils ont géré la révolution acceptant trop de choses dans la composition de ce gouvernement et dont ils dénoncent l’inscription dans la continuité des années Ben Ali et non dans la rupture. Ils parlent d’une guerre menée par Ben Ali contre son peuple depuis 20 ans. Jour après jour, on découvre dans les palais présidentiels des sommes d’argent et des bijoux en quantités inimaginables qu ils qualifient de “tresors de guerre”..Ils savent comme tous ceux qu’on a rencontre que ces 6 mois de transition sont cruciaux et que des élections ne semblent pas se profiler tout de suite. L inquiétude persiste et le combat pour la démocratie se joue dans les toutes prochaines semaines. Nous échangeons avec les jeunes socialistes du Forum.

Rencontre avec le président de la communauté juive de Tunisie

Roger Bismuth, le président de la communauté juive, nous accueille, dans sa villa de la Goulette. Sénateur, vice président du Patronat et proche du premier ministre. Il a 85 ans et est très dynamique. Inquiet des de la montée des intégristes islamistes, il nous parle de la manifestation antisémite devant la grande synagogue de Tunis, de ses inquiétudes, mais aussi de la libération de la parole qu’il soutient malgré sa proximité avec les dirigeants du pays. Il n’y a plus de jeunes dans la communauté juive de Tunisie et cette communauté juive est en voie de disparition dans les prochaines décennies. Nous sommes premiers dirigeants d institutions juives de par le monde qu’il rencontre depuis la révolution. Nous dinons ensuite dans un restaurant de spécialité culinaires juives de la Goulette, où le patron nous annonce qu’il a déposé le matin même les statuts de la premières association culturelle juive de Tunisie! Avant la chute de Ben Ali, obtenir le visa pour créer une association était quasiment impossible. Pour lui, le mouvement le plus impressionnant dans cette révolution est le mouvement laïc  don’t I’ll  a accueilli dans son restaurant la première réunion du mouvement. Nous rejoignons ensuite les manifestants place de la Casbah. Dans une ambiance survoltée, ils chantent et dansent, font le tour de la place en chantant l’hymne tunisien. La plupart s’apprête à dormir ici, une nuit de plus. Les blindés s’en vont, faisant craindre que les policiers, une fois de plus viennent pendant la nuit essayer de disperser le mouvement. Deux des manifestants que nous avons rencontrés la veille nous raccompagnent à notre hôtel. Nous partageons un verre avec eux, tandis qu’ils nous montrent leur profil Facebook et toutes les vidéos des exactions de la police et des manifestations. « La révolution tunisienne, c’est Facebook à 50% ».

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